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« A mon père » Francis Lalanne 8 octobre, 2008
Voici un autre texte magnifique de Francis Lalanne
« A mon père »
Je danse avec les spectres
Et le vert de leur flamme
Il y a si longtemps que je n’ai plus aimé
J’ai laissé tant de moi dans le ventre des femmes
Elles m’ont pardonné
Elles m’ont oublié
Le miroir m’avait dit que ce monde était monde
Et je ne l’ai pas cru je l’ai laissé tomber
Pourquoi me direz-vous cette grotte est immonde
On n’y sent que les ombres
On n’y voit que du flou
C’est écrit je suis fou je danse et je suis triste
Et j’oublie le silence et j’oublie la clameur
Pourquoi me direz vous
Pardonnez si j’insiste
En me posant pour vous la question du bonheur
Il était une fois moi sans doute ou les autres
Ceux qui m’ont traversé comme des sentiments
Voyagé dans mes yeux comme au fond de la soute
De qui j’ai peur à qui je mens
Je me grise avant tout de ce qui m’est contraire
Et me montre du doigt tel que je ne suis pas
Et je me paie du chancre avant que de l’extraire
J’aime quand il fait froid
Ce que j’ai vu des gens cauchemar solitaire
Ne m’a donné envie ni d’eux ni de leur vie
Ni même de leur nuire
Seulement de me taire
Et de vivre tout seul comme un ver dans un trou
Pourquoi donc revenir et de retour sur terre
S’obstiner à chercher ce qui vaut le détour
Pourquoi je ne sais pas le plus beau reste à faire
Peut-être est-ce l’amour
Je danse avec les spectres
Il fait bon c’est la lune
Elle sera demain cachée par le soleil
Pleine et noire à minuit
Je l’ai lu dans les runes
Elle sera demain
Comme moi aujourd’hui
J’aurai l’âge où Rimbaud n’a jamais pu écrire
Où Saturne a fini de manger ses enfants
C’est un beau jour pour naître
Un beau jour pour mourir
Pour la dernière fois le jour d’avoir vingt ans
Je danse avec les spectres
Au-dessus des montagnes
Il fait bleu n’aie pas peur je suis là j’ai grandi
Je t’aime et j’ai trouvé le pays de cocagne
Où tu rêves
Où je suis
Je sais que tu m’attends partout où je t’appelle
Il était une fois nous deux tu te souviens
C’était en l’an 2000 et des poussières
Il était une fois nous deux sur le chemin
Demain il fera jour et ce sera l’automne
Il y aura du ciel partout jusqu’à l’hiver
Et nous traverserons ce miroir qui résonne
Où le monde est à faire
J’ai trois enfants tu sais trois filles trois merveilles
Entre l’amour et moi il n’y a plus de mur
Seulement ce vitrail aux escaliers de lierre
Pour aller vers l’azur
Un jour nous nous verrons
Comme au temps des ballades
Nous nous retrouverons
Comme au temps des copains
Nous ne serons plus morts ni vivants ni malades
Nous nous retrouverons enfin nous serons bien
Il y aura du vent dans les cheveux des anges
Il y aura de l’or jusqu’après le matin
Il fera ce jour là
Papa tu te souviens
Où tu devins mon père
Et moi votre mélange à maman et à toi
Souviens-toi souviens-toi
Je sais que tu m’entends
Je sens que tu es là
Quelque part dans le songe
Il y a ces moments dans lesquels tu reviens
Il y a ce passé dans lequel je me plonge
Comme dans l’océan comme dans un jardin
Lorsque je t’aperçois
Ce moment où j’allais à la pêche avec toi
Ramener du poisson comme un grand
À mes frères
Papa ne l’oublie pas
Quand tu seras lumière
Quand tu seras là-bas
Papa
Ne m’oublie pas
Ne m’oublie pas
Vous pouvez retrouver ce texte et le clip qui va avec ici: Clipsman.