Donjon et Jardin

 
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Le corps à l’hôpital 30 juin, 2009

Classé dans : Le Salon — donjonetjardin @ 9:39

Hier soir, j’ai regardé le débat: « Faut-il interdire la burqa? » dans Mots Croisés. J’ai été très étonnée par le reportage sur certains hôpitaux de Grande Bretagne qui mettent à disposition des tenues spéciales pour les femmes voilées hospitalisées. C’est une burqa verte. Et le médecin qui vient voir (façon de parler) la patiente, dit que ça ne pose aucun problème.

Et bien moi, ça me pose un problème. Un des intervenants du débat (recyclé par Yves Calvi de son émission C dans l’air qui portait sur le même sujet) disait que, puisque notre société acceptait l’extrême dévoilement, elle devait accepter aussi l’extrême voilement.

Moi, j’ai envie de dire qu’il ne faut accepter ni l’un ni l’autre. Il faut savoir raison garder.

Un prof qui a enseigné quelques temps au lycée me racontait qu’il organisait des stages d’activités de pleine nature avec les élèves, et, qu’une fois, une jeune s’était déshabillée et s’était baignée toute nue devant ses camarades. Il trouvait ça génial. Quand je lui ai dit que je pensais que c’était dérangeant, il m’a dit que je devais avoir des problèmes avec mon corps. Je pense simplement que le contexte est très important, que si les jeunes avaient organisé une sortie entre eux, ça ne regardait qu’eux, mais, dans le cadre d’un stage lycée, je trouve ça contextuellement déplacé. Je pense qu’imposer sa nudité aux autres dans ces circonstances peut être une violence qu’on leur fait, quel que soit notre aspect. Vivre en société suppose des règles.

Pire encore, être contraint à la nudité dans certaines circonstances est d’une grande violence. Je n’oublierai jamais ma grand-mère à l’hôpital à Marseille où elle avait été opérée à coeur ouvert. L’opération s’est bien passée, mais il y a eu des complications. On lui a fait une trachéotomie, et elle ne pouvait plus parler.

Je n’oublierai pas son regard quand je suis arrivée, un jour: il était plein d’effroi. C’est sa voisine de chambre qui nous a expliqué que des médecins étaient venus avec des infirmières (ils étaient 5 ou 6). L’un d’eux était passé derrière le lit et avait trituré le cathéter placé sur la poitrine de ma grand-mère, en étant derrière elle. Aucun mot ne lui avait été adressé, ni pour la rassurer, ni pour lui expliquer. Pourquoi parler à quelqu’un qui ne peut pas répondre?!

Elle réclamait qu’on la traite en être humain. Elle nous faisait comprendre qu’elle ne supportait plus de n’être couverte que d’un drap. Elle si pudique, elle voulait une chemise, quelque chose qui couvre son corps. On est loin d’une burqa, non?

J’ai aussi vécu des choses déplaisantes relatives à la pudeur dans les hôpitaux.

Dans la salle d’échographie cardiaque, et alors que je suis torse nu et allongée avec mes ventouses pour un électro, un médecin, puis un autre, ouvre la porte et passe son buste pour parler avec mon Dr, qui prépare l’appareil et semble exaspéré (« tu sais où est ce papier là?….mais si ce papier….je le trouve pas… »). L’intrus essaie d’esquiver le dos de l’infimière penchée sur moi comme un rugbyman!

Est-ce que « patient » signifie pour ces praticiens qu’on est de la viande (alors que « patient » vient du latin « patior »: « souffrir, endurer, subir »)? Est-ce que le statut de médecin autorise le voyeurisme? Est-ce que leurs fins de mois difficiles les contraignent à faire des paris sur les poitrines refaites ou pas? Se rendent-ils compte, ces hommes des cavernes, que leur regard est une agression, une violence qui s’ajoute à celle de la maladie?

Je me suis sentie très mal à l’aise, je vis très mal cette banalisation, en milieu hospitalier (inhospitalier), du corps nu (surtout, quand c’est le mien!), examiné par un regard qu’on ne souhaite pas forcément tendre, mais qu’on voudrait respectueux!

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