Hier, contrairement à la dernière fois, pas de chambre seule, pas de MP3 (complètement oublié!), pas de chance…
Hier, j’ai eu droit à deux perforations parce que ma veine du poignet a claqué (coup de bol, malgré tout, avant l’injection de fer).
Hier, ma voisine de chambre se plaignait d’être malade, parce qu’à son âge (74 ans), elle voudrait être tranquille, elle qui n’a jamais été malade de sa vie… Elle me déroule toute sa vie, celle de ses fils, de son mari qui déprime quand elle n’est pas là… Finalement, elle me demande à quel stade j’en suis de la maladie. Je réponds que je n’ai pas le cancer, que j’ai une maladie incurable, que je n’aurai jamais 70 ans, moi, ni 60 ou même 50. Que je serais heureuse de voir mes enfants entrer au collège. Qu’il y a 4 ans, on m’en donnait 3 à vivre. Que depuis, chaque jour est un peu mon petit miracle personnel.
Je lui ai dit qu’elle devrait relativiser, qu’elle prend un traitement qui la soigne, qu’elle n’est pas malade à l’issue de ce traitement, ce qui est rare dans le cas de chimio, qu’elle a été opérée et soignée à temps… Au fur et à mesure de la discussion, la petite mamie a repris des couleurs, pour finalement me faire un grand sourire. Quand je suis partie, je me suis dit que même quand on avance dans l’âge, personne n’a envie de lâcher la rampe… Quelque part, cette mamie qui trouve injuste d’être malade à son âge, ce qu’elle dit, c’est qu’elle aime la vie, bien trop pour se laisser faire sans réagir. La maladie elle n’en veut pas, ce qu’elle veut, c’est vivre et être heureuse, comme nous tous!
Je sais pourquoi je redoute d’aller à l’hôpital. Ce n’est pas parce que ça fait mal, c’est parce que je ne parle jamais de ma maladie à la maison, et, quand je me retrouve dans un établissement de soins, je me rappelle que je suis très malade et, ce que j’entends me détruit…
Pour finir sur une note plus gaie, voici la référence au titre:

