Je ne suis pas rancunière, mais j’ai une grande mémoire.
Ça me permet de me souvenir des gens qui ont été bons pour moi. Et dans cette catégorie, il est quelqu’un qui compte beaucoup. Il s’appelle Tony. Lui et son épouse Alice ont toujours été d’une extrême gentillesse à mon égard. Ils se sont montrés particulièrement magnifiques lorsque j’ai perdu mon père. Ils m’ont accueillie chez eux, m’ont réconfortée, m’ont donné beaucoup d’amour. Je n’oublierai jamais.
Hier, Tony nous a quittés. Ceux qui l’ont connu se souviendront de sa gentillesse, son dévouement, son amour sans mesure pour sa famille.
La Mort Fervente
Mourir dans la buée ardente de l’été,
Quand parfumé, penchant et lourd comme une grappe,
Le cœur, que la rumeur de l’air balance et frappe,
S’égrène en douloureuse et douce volupté.
Mourir, baignant ses mains aux fraîcheurs du feuillage,
Joignant ses yeux aux yeux fleurissants des bois verts,
Se mêlant à l’antique et naissant univers,
Ayant en même temps sa jeunesse et son âge,
S’en aller calmement avec la fin du jour ;
Mourir des flèches d’or du tendre crépuscule,
Sentir que l’âme douce et paisible recule
Vers la terre profonde et l’immortel amour.
S’en aller pour goûter en elle ce mystère
D’être l’herbe, le grain, la chaleur et les eaux,
S’endormir dans la plaine aux verdoyants réseaux,
Mourir pour être encor plus proche de la terre…
Anna de Noailles - Le cœur innombrable - 1901
Vous qui passez par ce blog, ayez une jolie pensée pour Tony.